Les serviteurs de la démocratie

236 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

poète des Méditations, jetait l’opprobre à l'homme. sanglant qui « n'avait rien d’humain sous son épaisse -

armure. » Lamartine mettaitles droits de la conscience au-dessus des prétentions du génie. Il ne comprenait pas qu’un peuple püt. s’agenouiller devant un gagneur de batailles et faire litière de ses libertés devant un preneur de villes. Cette conviction hautaine et généreuse n’a jamais cessé d'inspirer le grand poète; il lui sera beaucoup pardonné parce qu'il à toujours cru à la liberté. On a pu lui reprocher des défaillances de conduite personnelle; jamais on n’a eu à constater chez lui une méconnaissance de ce qu'il devait à l'humanité et à la patrie.

II

Lamartine ne devint un homme politique qu'à

partir de 1830. Jusque-là il s'était magnifiquement

contenté d’être un poète incomparable. Les fonctions diplomatiques qu'il avait acceptées en Italie n'avaient été que le passe-temps de sa poésie.

À partir de la Révolution de Juillet, Lamartine comprit qu’il n'avait pas le droit de s’isoler dans l'art et qu'il devait, comme un combattant, descendre dans l'arène des partis. Il posa sa candidature à la députation dans un arrondissement et ne fut pas nommé. Pendant que l’auteur des Méditations échouait, les électeurs peuplaient la Chambre de notaires de province et de marguilliers de village. En 1831, heureusement, une circonscription électorale du département du Nord s’honora en choisissant Jamartine pour représentant. Lorsqu'il vint à la Chambre on lui demanda : « Où