Les serviteurs de la démocratie

LEDRU-ROLLIN 247 }

strophant directement le procureur Au roi: « Vous pouvez faire condamner mpn client: quant à lui refuser votre esiime, Je vous le défends! » Elle est encore de jui cette définition du président Dupin : « Un homme intrépide toutes les fois qu'il s'agit de capituler. »

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Il arriva quelque chose de singulier à Ledru-Rollin : nommé député sur sa réputation d’éloquence, il se montra médiocre et embarrassé à ses débuts. La tribune l’effrayait. En outre, Ledru-Rollin, élu pour soutenir les opinions républicaines, se trouvait isolé à la Chambre de 1844. L'opposition dynastique du solennel Odilon Barrot déplaisait à la nature ardente et loyale du député républicain. M. Thiers, à cette époque, était Jui aussi un dynastique; quant à M. Guizot, il professait le plus absolu dédain pour les illuminés qui osaient en ce temps-là parler de la République et du suffrage universel. Or, c'était la République que voulait le nouvel élu et c'était le suffrage de tous qu’il réclamait à la ‘place du suffrage restreint des censitaires. «Qu'est-ce que le peuple? s'écriait-il, un troupeau mené par quelques privilégiés. C’est l'argent qui donne . la capacité politique. C’est l'argent qui mène aûx fonctions publiques et aux dignités de l'État. À ce régime de la faveur dorée, la justice commande de substituer l'égalité des droits fondée sur l'égalité des charges. Quiconque est appelé à donner son sans pour le pays doit être appelé à donner au pays son vote politique. »

Ces sentiments et ces principes dépassaient de beau

coup les molles revendications de l'opposition consti-