Les serviteurs de la démocratie

LEDRU-ROL LIN 919

III

Faire une révolution est ‘une chose difficile; la maintenir dans des limites déterminées est chose plus difficile encore. Le peuple vainqueur se croyait en droit de tout exiger et il croyait tout immédiatement possible. Les écoles socialistes, si nombreuses sous le règne de Louis-Philippe, avaient répandu dans les ateliers un enseignement généreux mais trop souvent utopique. Le tort de ces écoles, si louables à tant d’égards, était de méconnaitre les difficultés de la pratique, les obstacles de la réalité. On ne fait pas, hélas! de la politique avec de la poésie et des rêves. L’harmonieux et sublime Lamartine, le grand tribun, l’éloquent apôtre des idées nouvelles, Louis Blanc, allaient bientôt faire la &are expérience de cetle vérité. Le peuple héroïque de Févriér,” après avoir beaucoup trop espéré .du gouveffiement nouveau, se laissa entrainer par des intrigants politiques de la réaction à des inspirations de colère.

Les promenades tumultieuses de la rue, les manifestations armées et menaçantes Se multiplièrent ; il fallut que Ledru-Rollin fit des prodiges d'éloquence pour empêcher, pendant plusieurs mois, des collisions sanglantes. On ne lui à pas tenu assez compte de ses efforts. Une révolution est plus difficile à canaliser qu'un fleuve, et d’ailleurs les ressources matérielles, les moyens d'autorité extérieure faisaient défaut aux hommes de 1848.

Lorsque la terrible insurrection de juin éclata, Le-, dru-Rollin put se rendre ce témoignage, ‘qu'il avait tout tenté pour détourner de son pays cette catastrophe .

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