Les serviteurs de la démocratie

286 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

M°° d'Haussonville, il y a M. de Morny qui a profité du coup d'État pour payer ses dettes. » |

Si dans le même salon quelqu'un avait demandé

quels étaient les hommes illustres qui avaient condamné le crime accompli par le prince président contre la République, la réponse ne se scrait pas fait attendre. On aurait dit ce que dira l’histoire: L'acte du Deux-Décembre a été réprouvé et flétri par la poésie, personnifiée dans Victor Hugo; par l’éloquence, représentée par Berryer et Michel de Bourges; par la science incarnée dans François Arago, par la littérature populaire dont Eugène Suë était l’un des représentants, par la critique littéraire avec Eugène Pelletan et Eugène Despois, par la philosophie avec Lamennais, Jcan Reynaud, Edgar Quinet; par les grands historiens contemporains: Michelet, Lanfrey, Henri Marlin; par l’armée avec Cavaignac, Charras, Lamoricière et tant d'illustres généraux; enfin par le grand art avec David.

d'Angers. Ce statuaire était de naissance obscure. Il vint au monde à Angers en 1789 — une bonne‘ année pour

faire son apparition en France. Le “père de David était sculpteur sur bois. Il avait peu réussi dans sa modeste carrière, et il aurait voulu naturellement que son fils embrassât une autre profession. Mais on ne lutte pas contre les vocations irrésistibles. Le jeune homme, malgré la volonté paternelle. résolut d’être un artiste. Ses premières leçons lui furent données à Angers même par son père et par un sculpteur aujourd’hui oublié — ami de son père. Dès que David se senlit assez fort pour se passer de l’aide de ses maitres de province, il se rendit à Paris, où il arriva en 1809.