Les serviteurs de la démocratie

60 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

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II

Il avait appris dans sa jeunesse trop de latin, d’histoire et de littérature pour se contenter d’être un simple ouvrier horloger. Cependant c’est par l’horlogerie qu’il débuta. Il fit même dans sa profession d’ingénieuses découvertes ; il aurait peut-être fait fortune comme horloger, si tout d’un coup la musique n'était venue le tenter. Il se passionna pour la harpe et devint en très peu de temps un harpiste distingué. Appelé à la cour en cette qualité, il eut à se défendre contre la morgue insultante des courtisans. Un jour un de ceux-ci, s'étant approché de Beaumarchais, lui dit insolemment : « M. Caron, vous avezété horloger, je crois? Voudriez-vous me dire pourquoi ma montre ne marche plus et la réparer? » Beaumarchais souriant, lui répondit qu'il avait perdu l'habitude du métier et que sa main était devenue très maladroite . L’autre lourdaud et impertinent à la fois, insista. Beaumarchais prit donc la montre qu'on lui tendait, l’éleva lentement à la hauteur de son œil et brusquement la laissa tomber à terre : « Ma foi! Monsieur, tant pis, je Vous avais dit que j'étais maladroit. » Et il laissa le grand seigneur tout décontenancé, tandis qu’on riait du bon tour qu’il venait de faire.

Avec cette facilité d’épigrammes, cette promptitude à se tirer des situations les plus mauvaises, Beaumarchais devait réussir dans le monde; il se mêla d’affaires financières, obtint la protection des puissants et des sommes considérables. Mais les affaires financières ne vont pas sans ennui et sans procès. Beaumarchais mêlé à beaucoup