Les serviteurs de la démocratie
64 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE présente plus aueun intérêt; il se tient à l'écart de la Révolution qu’il a pourtant préparée et meurt presque obscur. Son œuvre considérable lui survivait et elle n'était pas obscure celle-là.
L'esprit de Beaumarchais a quelque chose de phosphorescent. Littérairement, on peut ne pas l'aimer, le discuter tout au moins. Il est impossible de nier son éclat et de méconnaître sa puissance.
Après les mémoires contre Goësman, la magistrature héréditaire était morte. Après le Barbier de Séville et le Mariage de Figaro, la toute- -puissance ministérielle était discréditée.
Sur les débris de l’ancien régime, Figaro apparaissait intelligent, ardent, prompt à réclamer ses droits, irrespectueux à l’égard des puissants, les cinglant de son ironie, leur jetant au visage ce mot amer et ter rible : « Aux vertus qu’on exige d’un laquais, combien de grands seigneurs seraient dignes de l'être ? »
Aussi lorsqu'en 1789 le tiers État entra en scène, Beaumarchais put saluer son œuvre. Les hommes du Tiers, c’étaient, par quelques côtés, Figaro lui-même : ils avaient souffert comme lui ; mais ils s'étaient moins avilis que lui; ils pouvaient ei dans leurs revendications non pas plus d'esprit, c'était impossible, mais plus de frerté. Le jour où la justice règne et où l’intelligence gouverne, le comte Almaviva n’a plus qu'à se faire maitre de danse, Basile a perdu la meilleure partie de ses moyens d'existence et Brid’oison n’a qu'à disparaître. L
Pour les remplacer voici entrant en scène le peuple du travail ; c’est-à-dire la Démocratie laborieuse et honnête.