Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

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Le pillage semble tellement naturel aux malandrins de cette époque qu'ils le reconnaissent naïvement. Il n’est jusqu’à Sully qui déclare :

« La ville de Ville-Franche en Périgord ayant été forcée, tandis qu’elle parlementait, elle fut entièrement pillée, et j'y gagnai pour ma part une bourse de mille écus en or. »

Mémoires de Sully, livre rer.

« En 1580... la ville de Cahors fut entièrement pillée; ma bonne fortune fit tomber entre mes mains une petite boîte de fer, où je trouvai quatre mille écus en or. »

Id., livre 1er.

Entre deux batailles, le futur ministre du bon roi Henri ne dédaignait pas de se livrer à un fructueux commerce :

« Je me souviens d’avoir vendu, entre autres, au vicomte de Chartres, six cents écus, un cheval rouan, fleur de pêcher, qui ne m'en avait coûté que quarante. »

SULLY. Mémoires, livre II.

Les hauts gradés de l’époque ne reculaient pas devant un assassinat :

« Madame Mathel, courtisée par le connétable de Lesdiguières, avait grande envie de devenir sa femme. Mais elle est déjà mariée avec un marchand de Grenoble. Elle prie un colonel de ses amis de faire disparaître ce mari génant. Le colonel se rend chez Mathel, et, en plein jour, devant plusieurs témoins, lui brûle la cervelle. L'affaire fait quelque bruit : on arrête le colonel, mais Lesdiguières le délivre, e#bientôt après la veuve de Mathel devient connétable. »

GIRAUDEAU. Vice; du jour et vertus d'autrefois, chap. IV. Les coureurs de dot ne sont pas d’aujourd’hui :

« 26 avril 1691. — Mademoiselle Piron a épousé ce matin le général marquis de Villars. Ses affaires étaient fort embarrassées, et, avec l'argent qu'il tire de ce mariage, il sauve une terre assez considérable auprès de Mantes. »

Mémoires de Dangeau.