Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

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maréchal de Richelieu, qui en avait pourtant d’autres (1), ne croyait pas devoir négliger les petits profits du mème senre, et les moindres lui semblaient acceptables : « ne futce que douze louis, il ne les dédaignait pas », dit la correspondance de Madame ».

GirasDeaAU. Wices du jour el vertus d'autrefois, chap. II.

La Feuillade écrivait à son beau-père (Recueil Esnault, t. I, p. 109): « Le maréchal de Villars vole impunément 1,000 louis d’or par jour ». EtVendôme (Mémoires militaires, t. Il, p. 201 : « Quand on est accoutumé à gagner 200,000 écus par campagne, on a bien de la peine à venir dans un pays où il n’y a que des coups à gagner... L'Italie était déjà alarmée de l’arrivée du maréchal de Villars ».

Les rapports du lieutenant de police Réné d’Argenson renferment quelques détails curieux sur les mœurs des officiers : « Citons ce capitaine qui tient un hôtel meublé dans le faubourg Saint-Germain et y mène une si joyeuse existence qu’on est obligé de lui faire dire, par son colonel, d’avoir à déloger; ce lieutenant de cuirassiers qui se fait entretenir par l’amant de sa sœur; cet ancien colonel d’infanterie qui jouit d’une pension du roi et l’augmente en faisant plusieurs sortes de métiers, entre autres celui d’enrôleur; il contribue à l’enlévement de deux fils de famille appelés Miré, vendus et revendus pour être menés à Dunkerque, d’où ils sont enfin ramenés par ordre du roi ».

« La débauche et livrognerie entraînent les jeunes gens des meilleures familles à de dangereux excès : il est probable qu’à jeun MM. de Dreux et Des Brosses ne se seraient point réunis lâchement pour percer de coups un de leurs camarades; que M. de Montieny-Colbert n’eût point donné deux coups d'épée à un cocher; que M. de Lonochesne, mousquetaire, MM. de Pardieu et de Palingue se fussent abstenus de commettre les méfaits qui les firent rechercher par la police ».

« Un officier aux gardes, M. de Tavannes, blesse de son

épée une femme galante qui ne veut pas le recevoir. La

(x) Les soldats l'avaient surnommé le Premier Maraudeur de Franee et le Petit Père La Maraude.