Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

AUS

Augereau qu'il avait la preuve d’un vol considérable de chevaux dont ce général s'était rendu coupable. Il avait fait pis à Masséna : il avait fait enlever une somme de 310,077 francs que Masséna avait cachée chez des curés aux environs du Mantouan.

(Adjudant-général Lanprreux, Mémoires, t. I, p. 115, note.)

Le général Augereau, rentré de Paris où il était allé porter les drapeaux de Mantoue, arrive à Vérone pour prendre le commandement que Landrieux y exerçait par intérim. Deux jours après (30 floréal), Mme Pellegrini, restée dépositaire des collections du palais Bevilaqua, écrivait à Kilmaine : « Vous avez été bien mal avisé, mon cher général, de ne pas faire marcher devant vous le médaillier Bevilaqua. Augereau est venu voir les statues; il a demandé ce qu'il y avait dans les commodes du médaillier, et le cicerone les lui a ouvertes. Augereau a ri à grands éclats, à la vue de ces vieilles pièces d'un sol, disait-il, qu’on avait encadrées avec tant de soin. Passe encore s’il s’en fût tenu là; mais il a mis toutes celles en or ou en argent dans ses poches, excepté une de Rodolphe qu'il prétend ne pas être de bon or, et qu’il a donnée à son aide de camp. Il a fait prendre tout le reste (les pièces en cuivre argenté) par un officier qui a rempli deux mouchoirs, pour distribuer, dit-il, aux soldats, s’ils en veulent, »

(Adjudant-général Lanprigux, Mémoires, chap. XLIV.)

Lors d’un inventaire d'objets déposés au Mont-dePiété de Vérone. un capitaine attaché à l'état-major du général Augereau faisait chaque jour l'enlèvement d’objets de vaisselle en argent, disant que c'était pour le service de son général; on n’osait rien dire, mais il fallait faire d’autres écritures pour qu’elles présentassent une sorte de régularité.

Le bruit de ces nouvelles extorsions arriva aux oreilles de Bonaparte qui en fut indigné. Il donna l’ordre de se transporter chez le général Augereau et d’exiger la remise immédiate des objets dont s'agissait. Refus formel, accompagné de la menace de faire jeter l’envoyé du général par la fenêtre s’il ne se retirait à l’instant.