Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

et comment les avoir? Mme Bonaparte eut recours à Berthier, qui était alors ministre de la Guerre; Berthier, tout en se rongeant les ongles selon sa coutume, se prêta à terminer promptement une liquidation de créances pour les hôpitaux d'Italie, et comme les fournisseurs liquidés avaient dans ce temps-là beaucoup de reconnaissance pour leurs protecteurs, les perles passèrent des magasins de Foncier dans l’écrin de Mme Bonaparte.

Général. BOURRIENXE, Mémoires, t. III, p. 292.)

Méfiant de sa nature, le prince Berthier craignait toujours qu’on ne le volât. Un jour, entre autres, il entre dans la cuisine et demande combien il y avait de livres de viande dans la marmite; quand on le lui eût dit, il la fit ôter et peser devant lui pour s'assurer que le poids y était bien et qu’on ne le trompait pas. Or, ce que je viens de dire n’est pas un fait isolé, une boutade d'un jour : de pareilles scènes se renouvelaient assez souvent.

(Mademoiselle AvrILLON, Mémoires, t. Il, p. 26.)

Le Maréchal BESSIÈRES (1)

Un jour, à son coucher (2), l'Empereur me dit : « Roustam, as-tu vu le maréchal Bessières?» Je lui dis : « Non, Sire, je ne l'ai pas vu aujourd'hui. » Et il me dit : « Je lui ai donné quelque chose pour toi. » Le lendemain, le maréchal Bessières n’a remis une inscription de 500 livres de rente en perpétuel, en me disant que c'était de la part de l'Empereur.

Quand nous sommes retournés à Saint-Cloud, l'Empereur était à se promener dans l’Orangerie. Il me dit : « Eh! bien, Roustam, as-tu vu Bessières? » Je lui dis : « Oui, Sire, je vous remercie, il m'a donné un billet de 500 livres de rente. » Il me dit: « Tu ne sais pas les compter. C’est bien plus que çà. » Je lui dis : « Je vous

(1) Duc d'Istrie. (2) A la Malmaison.