Lord Castlereagh et la politique extérieur de l'Angleterre de 1812 à 1822

112 CONFÉRENCE DE PARIS ET CONGRÈS D’AIX-LA-CHAPELLEs

certaines mesures qui inquiéteraient les propriétaires de biens nationaux. » :

Ges espérances, tempérées seulement par l'inquiétude qu’inspiraient les dangereuses exagérations de l’entourage de Louis XVIIT, se trouvent reproduites dans une lettre que le duc de Wellington écrivait à l'empereur Alexandre : « Je crois, y disait-il, que nous réussirons à fonder le gouvernement du roi en France, et je suis sûr que si nous ne réussissons pas, ce sera faute de sagesse, non du roi, mais de sa famille et de ceux qui l’entourent. » Dans une autre lettre du duc adressée à lord Exmouth, commandant des forces navales anglaises à Toulon, il s’exprimait ainsi à l'occasion d’un de ces actes arbitraires qui attristaient alors le midi : « Quoi qu’un homme puisse avoir fait pendant une révolution qui a duré vingt-cinq années, il ne peut être arrêté et emprisonné arbitrairement, si l’on veut mettre fin à la révolution et donner enfin à la France un gouvernement juste et légal... Mais je crains bien que l'opinion que j'énonce ne soit fondée sur des principes que les habitans de ce malheuréux pays, et particulièrement les royalistes, ne comprendront jamais. »

Ce qui donne plus de poids aux jugemens rigoureux que le duc de Wellington, à l'exemple de lord Castlereagh, portait alors sur les torts des royalistes, c'est qu’il n’entrait nullement dans sa pensée d’exagérer ces torts, et qu’il était plutôt disposé à les atténuer dans les cas où il pouvait le faire sans manquer à sa conscience. Ainsi, lorsque la nouvelle du massacre de quelques protestans dans le midi et de la fermeture violente des temples de Nîmes, parvenue à Londres avec beaucoup d’exagérations, eut répandu parmi nos voisins la crainte que leurs coreligionnaires de France ne devinssent l’objet d’une persécution générale, il s’empressa d'écrire au président d’une société religieuse qui les avait recommandés à sa protection que ces ” alarmes étaient mal fondées, que les assassinats du Languedoc étaient en réalité des actes de vengeance politique, et que le gouvernement faisait tout ce qui était en son pouvoir pour y mettre fin. Ces atténuations prirent, ou peu s’en faut, le caractère d’une apologie dans une lettre qu’il écrivit peu de jours après à l’un des sous-secrétaires d'état des affaires étrangères, Edward Coke : «.. Les protestans, y disait:il, à Nimes et dans les environs, sont et ont été, depuis le commencement de la révolution, jacobins et bonapartistes. Ce sont eux qui ont commencé la guerre contre les royalistes et les catholiques romains. Il n’est pas vrai que le gouvernement et la famille royale aient encouragé la guerre civile et n'aient pas fait tout ce qui était en leur pouvoir pour. protéger les protestans; mais le catholicisme de Monsieur, de Madame et du duc d'Angoulême a donné un