Lord Castlereagh et la politique extérieur de l'Angleterre de 1812 à 1822
AGh LA CRISE EUROPÉENNE ET L'EMPEREUR ALEXANDRE.
ment quelconque, pourrait l’obliger à recourir à la force; 3° parce qu’une telle conduite ne pourrait se concilier avec les principes de la neu tralité qu’il a cru devoir prescrire à sir William A’Court, en vue de la sûreté de la famille
royale de Naples. » °
Lord Castlereagh continuait, dans le cours de cette lettre, à exposer ses objections contre la proposition autrichienne; il faisait remarquer que si l’action de l'Autriche contre les révolutionnaires s’exerçait au nom d’une ligue qui par cela même en serait responsable, cette responsabilité aurait pour conséquence nécessaire d’obliger le commandant des forces impériales à n’agir que sous la direction d'un conseil de ministres de l'alliance résidant au quartier-général, chose cependant tout à fait impraticable. Une telle ligue, suivant lui, n’obtiendrait jamais l'approbation du parlement, dont le gouvernement autrichien deviendrait en quelque sorte justiciable pour tous les actes qu'il ferait en vertu de cette alliance. Ges objections, ajoutait-il, étaient insurmontables à raison de la nature du gouvernement anglais, mais on pourrait les éviter en suivant une autre marche dont il développait les principes et les détails. Bien que la révolution de Naples ne constituât pas précisément un de ces cas d'intervention prévus par les traités qui avaient fondé la grande alliance, on s'accordait à reconnaître qu’elle recelait de grands dangers pour l'Europe et qu’elle donnait aux peuples de détestables exemples, étant l'œuvre d’une révolte militaire et d’une secte qui tendait à bouleverser tous les états de l'Italie pour les réunir en un seul. Néanmoins ces dangers atteignaient d’une manière si inégale les puissances alliées, qu'ils n’exigeaient et ne justifiaient pas de leur part les mêmes mesures. L’Autriche, par exemple, pouvait se croire obligée à des mesures extrêmes et immédiates sans que l'Angleterre se sentit assez directement, assez immédiatement menacée pour qu'une intervention de sa part fût autorisée par les principes qui pouvaient être soutenus devant le parlement. Il n’était donc pas possible que les deux gouvernemens s'unissent pour assumer une responsabilité commune. L'Autriche pouvait agir pour son compte après avoir pris confidentiellement les avis de ses alliés pour s'assurer qu'ils ne la désapprouvaient et qu'ils ne la désavoueraient pas, mais elle ne pouvait agir que sous sa propre responsabilité et non pas en leur nom. Pour obtenir d’eux cet assentiment ou cette approbation, elle devait leur prouver qu’elle n’agissait pas dans des vues d’agrandissement, qu’elle ne recherchait pas en Italie une suprématie inconciliable avec les traités, qu’elle n’avait en vue que sa propre défense, et qu’elle ne demanderait à Naples d’autres sacrifices que l'entretien de l’armée destinée à occuper le pays. « Nous désirons, disait encore lord Castlereagh, laisser à l'Autriche toute sa liberté d’action, mais nous réclamons