Louis XVI et la Révolution

LES ÉTATS GÉNÉRAUX. 151

veau. Le roi alors enlève son chapeau. La reine semble trouver que c’est mal, et une conversation paraît s’engager, dans laquelle le roi lui dit qu’il préfère agir ainsi, que ce soit ou non conforme à l'étiquette; mais je n’en jurerais pas, étant trop loin pour voir très distinctement, encore moins pour entendre. Les nobles se découvrent peu à peu aussi; si l’étiquette exige ces trois mouvements, les troupes ne sont pas encore très bien exercées. »

Ce qu'on entend est encore plus significatif que ce qu’on voit. Les discours du roi et de ses ministres dépassent les limites permises à l’optimisme officiel. Louis XVI annonce nettement aux représentants de la France qu’ils n’ont à s’occuper que des finances : « Ce grand et salutaire ouvrage, qui assurera le bonheur du royaume au dedans, et sa considération au dehors, vous occupera essentiellement. » Quant au reste, on devra s’en remettre aux « sentiments du roi ». Le garde des sceaux, de Paule Barentin, parle ensuite, d’une manière très disgracieuse, trouve Gouverneur Morris : il prévoit un ciel sans nuages; si quelque orage survenait, il compte sur le clergé pour le dissiper, sur la noblesse pour l’écarter. Quant au tiers, le confiant ministre espère bien qu'il imitera le désintéressement des deux premiers ordres.

Mais c’est surtout l’interminable homélie de Necker qui est le chef-d'œuvre du genre académique et administratif. Quand il se lève, il est salué par de longs et bruyants applaudissements : « Encouragé par cet accueil, dit Morris, il essaye de jouer l’orateur, mais il joue mal son rôle. Il fait des gestes, il parle avec emphase; mais un mauvais accent et une action disgracieuse détruisent beaucoup de l’effet que devait produire un discours écrit par M. Necker et prononcé par M. Necker. Il demande alors au roi la permission de se faire remplacer par un secrétaire; l'autorisation accordée, le secrétaire procéde à la lecture » de ce long rapport. Les députés ont la consolation d'apprendre que le déficit dont on les effrayait est minime :