Louis XVI et la Révolution

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182 LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION.

de ce sentiment une idée abstraite, par conséquent peu entrainante : l'intérêt général doit primer l'intérêt particulier.

Leur désintéressement était absolu. Ils le poussaient même peut-être un peu loin, jusqu'à proposer, le 5 juin 1790, de supprimer les frais de représentation des ministres. Le comte de Crillon s’y oppose. « Si la nécessité de la représentation est le prétexte dont on s'appuie, j'observerai, dit Alexandre de Lameth, que cette représentation est plutôt un vice qu'un avantage; les diners des ministres ont de grands inconvénients, les personnes qui dinent chez les ministres ne sont pas ceux qui votent avec le plus d'énergie pour la liberté... — On applaudit dans une grande partie de la salle. » Mais, en fin de compte, ce n’était là que l’exagération d'un bon sentiment; nous ne pouvons qu'admirer un temps et une Assemblée où l'on couvrait d’applaudissements des propositions comme celle-ci : « Nous ne devons accepter aucune gràce; rentrons dans nos provinces tels que nous en sommes sortis. Il n’y a qu'un moyen d'assurer l’inviolabité : c’est de mettre les députés le plus loin possible des recettes, des caisses, et de la cour. »

ls songent avant tout au bonheur des autres, de leur pays, et même du genre humain. Dès le 3 avril 1790, le marquis dé Montesquiou s'écrie, au milieu de l’enthousiasme de l'Assemblée : « Un peu de temps encore, et nul peuple n'aura autant mérité les bénédictions du genre humain. » La Constituante avait au plus haut point le sentiment de ses devoirs internationaux. Volney lui disait, le 18 mai 1790 « Jusqu'à ce moment, vous avez délibéré dans la France et pour la France; aujourd’hui vous allez délibérer pour l'univers et dans l'univers. Vous allez, j'ose le dire, convoquer l’Assemblée des nations. » Lorsqu'ils préparent un décret, ils songent que le monde a les yeux fixés sur eux. Ils veulent consacrer le plus de temps possible à des lois « que tout l'univers approuvera ou blâmera, dit Rabaud, auxquelles le