Mémoire sur la Bastille

264 MÉMOIRES SUR LA BASTILLE

moi, allons nous coucher tranquillement : au reste, sachez que la Grève est libre maintenant, et que les rues adjacentes sont absolument dégagées. Je vous jure que Paris ne fut jamais plus tranquille ; allons, que l'on se retire en bonnes gens. »

A ces mots plusieurs s’élancent vers les fenêtres; ils regardent, et sont consternés de ce qu'ils voient l’ordre rétabli à leur insu. Au lieu de ceux qui les appuyoient, qui les excitoient, ils ne voient plus que de nombreux détachemens arrivés de différens districts, des casernes des gardes-françoises et de celle des gardes-suisses. Tout à l’heure ils nous investissoient, et ce sont eux qui se trouvent investis. « Comment cela s’est-il donc fait? » se disoient-ils ; et ils en furent confondus.

M. de La Fayette reprend la parole. Après leur avoir parlé comme à de bons amis, ils défilèrent tous en l’applaudissant et en le comblant de bénédictions. On prévit dès lors ce qu’il a fait depuis pour le salut de la France, et l’on trouva que cette habile manœuvre valoit au moins le gain d’une bataille.

Quant au marquis de La Salle, on sait le reste. Il se constitua prisonnier. Son innocence fut enfin constatée par plusieurs arrêtés de la Commune et par un décret infiniment honorable de l’Assemblée nationale :.

1. Du 5 septembre 1789. (Dusaulx.)