Mémoire sur la Bastille

PRÉFACE XXXIX

conseils et sur ceux de l’évêque de Chartres Mérinville qu’il alla poursuivre ses études à La Flèche, où il fut condisciple du futur cardinal de Rohan, puis au collège du Plessis, où il se lia, entre autres, avec Brunck. IL se fit recevoir avocat, plutôt par mode que par goût (car il ne paraît pas avoir plaidé); comme il avait une certaine fortune, et fort peu d'ambition, il se laissa vivre, ainsi que l'on dit vulgairement. Il ne chercha dans le mariage que la satisfaction de son cœur; el, si nous en croyons sa veuve, jamais union ne fut plus parfaite ni plus heureuse. Toutefois il n’eut pas d'enfant, ou du moins n’en conserva pas. Un peu homme de lettres, mais surtout homme du monde, c’est pour être quelque chose qu’il fit l'acquisition d’une charge qui ne semblait pas avoir grand rapport avec son caractère : celle de commissaire des guerres près la gendarmerie royale en garnison à Nancy. Le Père de Menou le poussa auprès de Stanislas Leczinski, dont il était le confesseur, et Dusaulx n’avait que vingt et un ans lorsqu'il devint membre de l'Académie de Nancy, sans autre titre qu’un bon devoir d’écolier, le commencement de sa traduction de Juvénal, de laquelle on pouvait dire d'autant plus de bien qu’elle n’était pas imprimée.

Pendant la guerre de Sept ans, Dusaulx eut l’occasion de faire preuve de probité et d'énergie : mérites modestes, il est vrai, mais rares dans le service dont