Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

102 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART

aurait été aperçue, dans certains endroits, par les bâti ments russes.

Le 5, nous continuâmes de voyager jusqu'à quatre heures du soir, nous dirigeant sur le village de Malfi qui était encavé dans des montagnes. La descente très difficile qu'il nous fallait faire pour arriver nous fit apercevoir d’une centaine de Monténégrins qui formaient, sur l’autre revers de montagne, les premiers avant-postes de l'ennemi !. Aussitôt descendus et formés en colonne, quelques coups de fusil s'étant fait entendre contre nos éclaireurs, je pris une de mes compagnies de grenadiers, je fis battre la charge à deux tambours, et tout ce qu'il y avait de Monténégrins se sauva; un seul fut traversé d’un coup de baïonnette ?. Cette rencontre de l’ennemi, à laquelle nous ne nous attendions point aussi promptement, nous empêcha d'arrêter pour reposer. Il nous fallut aller prendre position sur trois pointes de rochers * où nous bivouaquâmes sans faire aucuns feux. De là, je reconnus les environs de Raguse que j'avais parcourus quelques années auparavant, et j’aperçus le canal d’'Ombla. Je donnai au général de division l'idée de la situation de Raguse qui se trouvait de l’autre côté du canal, caché par les montagnes. Si l'ennemi n’eût pas gardé ce canal, large d’environ deux à trois cents

bâtiments russes, Majkovi, où on se reposa quatre heures. IL y avait à craindre sur la gauche et en arrière, à cause des mauvaises dispositions du pacha de Trébigne.

? Ce-jour là on passa par Riscizza, Curatnitza, Cuaneva, Klisevo, Gombach, par les rochers les plus escarpés et par une chaleur extrême. * Montfalcon parle de plusieurs Monténégrins tués ou jetés à l’eau. C'est le combat de Malfi.

# C'est à Cirne, sur les hauteurs du Val Cralsi, très près de Malf, à une lieue de Gravosa à vol d'oiseau. À ce moment Hadji-bey renseigna Molitor sur les forces ennemies.