Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

108 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART

iroi; les portes sont ouvertes , et la foule se porte audevant de nous, et fait porter sur la montagne tous les rafraichissements dont ils se doutaient que nous avions le plus pressant besoin. L’heureuse nuit que nous passàmes après cela! Quoique couchés sur les rochers, le besoin de reposer après tant de fatigues, et l’idée flatteuse d’avoir réussi ne pouvaient que nous causer un sommeil agréable.

Ainsi finit ce fameux déblocus qui ne fut rien parle fait, puisque nous ne perdimes que très peu d'hommes dans la journée du 6. Mais on ne peut pas se dissimuler que la réputation de la quantité et de l'espèce d’ennemis que nous avions à combattre, les fatigues et les privations qu'il nous fallut endurer pendant trois jours de marche dans des rochers et des sentiers incon- . nus, le courage dont il fallait s’armer pour vouloir réussir dans une expédition aussi douteuse, étaient capables de paralyser les efforts des plus intrépides. Quelques soldats moururent de soif, d’autres furent obligés de boire de leur urine pour se désaltérer ?,

Mon régiment, qui avait eu la plus grande part à la gloire de cette heureuse journée, ne fut cependant pas le mieux récompensé. Cinq décorations seulement lui furent accordées *?. J’eus la douleur que, dans le rapport

se place l’expédient suggéré par Godart.) Le jour baissait : 200 hommes envoyés pour les reconnaître rencontrent à mi-côte six chasseurs d'Orient qui les instruisent du combat. (Journal de Lauriston.)

1 Des troupes de la ville courent vers la porte des Filles, sortent pour atteindre les Russes ; mais on ne peut en prendre que vingt-trois (Journal de Lauriston),

2? Molitor dit qu'il y eut cinq blessés et un mort. Montfalcon ayant pu être mieux renseigné (son rapport est du 13) dit que deux hommes moururent de soif, <

* F. AAR, aux notes.