Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

412 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART

n’était tout au plus qu'à une lieue de ce fort, et prenait sa direction vers ce point. Mon régiment faisait tête de colonne, et marchait dans des sentiers où l’on ne pouvait passer que l’un après l’autre. Le pays, coupé par des monticules,empèchait de découvrir à une certaine distance. Tout à coup! le commandant de mon premier bataillon, homme très expérimenté à la guerre, s’aperçut très heureusement que des divisions russes s’approchaient pour s'emparer d’une hauteur dite la position de la Chapelle. Sur-le-champ, il presse la marche de son bataillon, et sa compagnie de grenadiers arrive à temps à la Chapelle, et fait le coup de fusil en attendant les autres compagnies qui se rangent successivement. Le feu devient de plus en plus vif; mon deuxième bataillon arrive également, tourne la position dans le bas du mamelon, et s'engage de si près avec l’ennemi qu'on ne se battit plus qu’à la baïonnette avec un acharnement incroyable. Les officiers et les soldats se tenaient au collet avec les Russes. L’ennemi, bien supérieur en

centre, formée du bataillon d'élite et du 79%, est commandée par le général Launay. On combattra hors de la portée de l’escadre russe. Le bataillon d'élite attaque, le gros du 19 est tenu en réserve.

Le 30, l'ennemi recule. Lauriston tourne le plateau de Kameno ; Launay, avec le bataillon d'élite, suit le contour du plateau au-dessous des crêtes; le 79e et le 23e avancent par la vallée même de Bilibrik ; puis le 798 attaque de front, et joint Launay. Les Russes disparaissent ; les campagnaïds tiennent quelques instants, ont 60 morts, puis gagnent les crêtes. La nuit mit fin à ce combat de Bilibrik. e

1 Le 196, avec le 18e, le 23e et les Italiens, marchait dans Ja vallée pendant que Lauriston poursuivait à gauche sur les hauteurs où est Castelnuovo, et était suivi de Launay avec le bataillon d'élite et le {1e régiment. Les voltigeurs du bataillon d'élite sont repoussés ; mais les grenadiers de ce bataillon et le 19° en colonne débusquent paysans et Russes, qui fuient. On atteint un endroit où le vallon très r'esseTré s'ouvre tout à coup et fait voir en plaine 4,000 Russes, se dirigeant vers la position de la Chapelle. Marmont s’attribue le mérite d'avoir lancé le 19e. Du reste, il loue fort les admirables lirailleurs de ce réwiment.