Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

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Ce corps ne dura pas; neuf de ces compagnies furent de retour à Vannes le 11 nivôse (31 décembre 1800). Néanmoins le titre de commandant des Grenadiers réunis resta à Pinoteau, chef de brigade, commandant la subdivision de Port-Malo.

Des détachements, les uns, et surtout les grenadiers, à l’intérieur partageaient la tâche de la gendarmerie contre les réfractaires et les brigands; les autres étaient à poste fixe sur le littoral, surveillant les apparitions et les tentatives des Anglais. Pour les premiers on vient d'en voir des exemples vers Fougères, Antrain, Dol. Voici quelques traits concernant les seconds.

Le commandant de la presqu'ile de Rhuis vit, le 26 brumaire (16 novembre), une cervette attaquée par des Anglais s’échouer à la côte, et l'équipage fuir à terre, hors le capitaine et huit hommes qui tinrent bon, soutenus par les batteries du PetitMont et de Port-Navalo. Mais, serrés de près par les chaloupes ennemies, il leur fallut se retirer aussi, en faisant du moins sauter la corvette. Toutefois vingt hommes de la 79 se joignant à quelques-uns des marins dans les roches, forcèrent les Anglais de se retirer. Ils s'étaient, dit le rapport, supérieurement conduits.

Quand, au début de 1801, la 79° reparut dans le Morbihan, le 197 bataillon, avec l'état-major, et le 2° occupèrent Vannes et Sarzeau (ventôse, mars).

Le 3° était à Auray. Trois détachements de trente à quarante hommes étaient postés à Grandchamp, Guéhenno et Bignan.

Mais le plus important était celui de Quiberon. Le 4° ventôse (19 février), son commandant renforca de douze de ses soldats un sloop chargé de blé qu’escortait le cutter l’Are, tous deux réfugiés devant les Anglais, non loin de Port-Haliguen. Deux chasse-marée, portant vingt-cinq autres soldats de la 79° demi-brigade, s’y réfugièrent aussi. Quatre chaloupes anglaises profitant du moment où, des quatorze hommes d'équipage du-cutter, onze étaient à terre, vinrent l’enlever. Ensuite leur mousqueterie renversa quatre soldats sur le sloop qu’elles tentèrent d'aborder. Mais le caporal Coquet et le soldat Ablanc les recurent à la pointe de la baïonnette. Repoussés aussi par les chasse-marée, les Anglais se retirèrent, emmenant l'Arc.