Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

206 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART

1802 (AAE, p. 85.)

Troubles de Carcassonne. — Difficultés pour cette garnison (Octobre 1802-février 1803).

« Extraits des rapports décadaires du général Gudin, commandant la 10° division :

« 15 brumaire (6 novembre).

« Le 10 brumaire, après la fermeture des églises par ordre du Prefet, la ville de Carcassonne à été assez tranquille. Mais les événements du matin de ce jour et des précédents faisant craindre du tumulte pour celui de l'installation de Monsieur l'Évêque, il crut prudent de remettre provisoirement en fonctions les prêtres constitutionnels. Alors les troubles ont été définitivement apaisés, des cris de joie ont retenti dans toutes les rues et des témoignages de reconnaissance adressés au président du tribunal criminel, qui servit de médiateur dans cette aventure.

« M. l’évêque aura de la peine à se rétablir dans l'opinion publique qu'il aurait dû ménager davantage.»

« 17 brumaire (8 novembre).

« L'installation de M. l’évêque de Carcassonne a eu lieu avec beaucoup de tranquillité. Depuis que les prêtres soumis au gouvernement ont été remis en fonctions, tout désordre a cessé. »

On peut consulter aussi deux mandements de l’évêque, l’un du 31 octobre, l'autre du 5 novembre, relatifs à ces désordres.

Carcassonne, à cette époque, nous donne des exemples de la situation difficile des fonctionnaires et, parmi eux, des militaires, au milieu des passions extrêmes du midi.

Elles étaient animées surtout contre les chasseurs du 25°. Est-ce parce qu’ils avaient amené les pompes qui dissipèrent l’attroupement du 9 brumaire? On se plaignit de leur présence dans un pays peu riche en fourrages.

Le 22 frimaire (12 décembre), les chasseurs furent insultés jusque dans leur quartier. Sur le rapport des officiers, Godart provoqua des poursuites. Mais, le 2 nivôse (22 décembre), Génie, substitut de l’accusateur public, donna pour réponse que les inculpés n’avaient pas été les agresseurs, el qu’on manquait de témoins.