Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

22 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART

poids de son autorité. Je le fis remplacer par le lieutenant Baudouin qui devint un des meilleurs capitaines de l’armée, et je n’eus toujours qu’à me féliciter de l’avoir accueilli dans mon bataillon.

Pendant l’espace de temps que nous restämes campés, je fis deux découvertes. À la première, je me foulai le pied gauche en mettant pied à terre pour prendre un prisonnier. Dans la deuxième, ayant sous mes ordres un détachement d'infanterie et de cavalerie, et présumant rencontrer l’ennemi, j'avais placé mon infanterie en peloton derrière ma cavalerie, dans l'intention que, l'ennemi s’approchant, l’on feindrait de se retirer, et ma cavalerie se romprait à un signal convenu, de manière à faciliter le jeu de mon infanterie qui serait alors flanquée par la cavalerie. Ce que j'avais prévu réussit on ne peut mieux : la cavalerie ennemie, que notre feinte retraite avait enhardie à s'approcher, fut mise en déroute. Je chargeai à la tête de la mienne, et, mon cheval faisant la culbute, je tombai par-dessus sa tête à plus de dix pas en avant. Je me rompis le genou, et la rotule fut dérangée. Je fus pour cet accident pendant six semaines dans mon lit. Néanmoins la moitié de leur cavalerie tomba en notre pouvoir.

Dans le mois d'août, l'ennemi, au nombre de 30,000 Anglais et d’un fort corps d'Autrichiens et Hollandais, se présenta en face de Furnes, et fit une attaque régulière sur notre camp, qui n’était tout au plus fort que de 5,000 hommes. L'action ne commença que vers le soir, et fut soutenue vigoureusement par nos compagnies de grenadiers et un régiment de chasseurs à cheval. Vers les neuf heures du soir, nous allâmes prendre position, à une lieue à peu près en arrière du camp, derrière un fort armé de quatre mauvais canons de fer,