Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

52 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART

qui n’obéirait point à mon commandement, j'allais lu. passer mon épée à travers le corps . Je’commandai à l'instant : «Par le flanc droit! » Ce fut exécuté. « Pas accéléré, marche ! » Les tambours battent, et voilà mes grenadiers en mouvement. Je fus ensuite à la première compagnie de fusiliers. J’ordonnai au capitaine de faire ses commandements et d'enlever sa compagnie, ce qui fut fait, et ainsi de suite les autres compagnies du premier bataillon. Le deuxième bataillon suivit le premier, et toute la route se fit sans murmure et dans le meilleur ordre possible; ce qui prouve que la fermeté dans des circonstances semblables commande souvent aux évênements. Je restai à peu près quinze jours à Bassano?, d’où je partis pour me rendre à marches forcées à Léoben, avec deux de mes bataillons *,. le troisième ayant été détaché, sous le commandement du chef de bataillon Tréboutte, dans le Comtat d'Avignon, pour y rétablir la

1 Ce fait est attribué à Bernadotte par la plupart de ses biographes et par le fameux Sarasin. Avec Bernadotte, c'est de tout le gro: de son corps d'armée, ayant en tête la 30° demi-brigade, qu'il s'agit. Du reste la 19e n'était pas encore à Milan quand Bernadotte en partit.

Cela prouve que Le procédé fut employé plus d'une fois. Nous verrons Godart y recourir une seconde fois en Bretagne.

Les réclamations de solde furent fréquentes alors. Je ne parlerai pas de la 89e et de la 106 refusant de marcher à la défense de la tête du pont d'Huningue, parce qu'on ne leur donnait pas de souliers (nivôse, décembre 1796-janvier 1797). Mais, au départ pour lItalie, deux mois de solde étaient dus; et, dans la marche, le 28se mutina à Chambéry.

3 L'arrivée à Vérone fut le 22, le départ pour Bassano le 26. Le 23. l'allemand Merck attaché à la 79e arriva avec son détachement à Milan.

La 79 fut attachée à la division de Baraguay-d'Hilliers, mais avec défense à celui-ci de la déplacer à moins de nécessité absolue : elle devait surveiller les gorges de la Brenta (dépêche de Berthier à Joubert, du 23 ventôse). Aussi, quand Baraguay-d'Hilliers marcha pour coopérer avec Joubert dans le Tyrol, elle ne bougea pas.

8 V. AJ, aux notes.