Mémoires politiques et militaires du général Doppet, contenant des notices intéreffantes and impartiales sur la révolution française, etc.
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Ce qui m’étonnait le plus dans cet événement, c’eft que l’ennemi n’avait repris Campredon que le même jour que je venais de l’en repouffer ; con. Séquemment j'étais furpris que notre colonne re-
pouffée de Campredon n’entendit pas nos coups de canon &c ne fût pas de fuite revenue fur fes pas.
Nos canonniers, ayant apperçu près de la riviere des débris de nos affûts, firent des recherches y & tirerent de l’eau les deux pieces de quatre que J'avais laiflées lors de mon départau commandant de Campredon. On trouva des caïfles de cartouches dans les rues, & l’on trouva furtout vingt mille rations de pain dans une églife.
J’étais décidé de refter avec ma divifon à Campredon, lorfque vers midi le premier meffidor (19 juin 1794), il fe manifefta dans la ville & tous les environs un incendie général. Le chef du génie me fit fentir limpoffibilité d’ar-rêter le feu. Je fis battre la générale, & une heure plus tard je n’euffle plus été à tems de fortir les convois de la ville.
Je raflemblai la troupe, notre artillerie , nos provifions & nos mulets dans un pré hors de la ville ; & voyant qu’il n’y avait point de moyens pour éteindre le feu, J’ordonnai la retraite fur Prats de Mollo , & nous vinmes paffer la nuit au Bivouac fur une montagne à moitié chemin de Campredon & de Prats de Mollo. Cette retraite fe fit en bon ordre, puifque nous menâmes avec nous notre artillerie & celle qu'avait jetée dans la riviere mon général divifionnaire; nous emmenâmes deux cents mulets chargés, plufieurs prifonniers de guerre, & un troupeau de chevres & de moutons,