Mémoires sur la Révolution française

122 MÉMOIRES DE MADAME ELLIOTT

toute sa vie avec lui; mais il est son cousin, et il feindra une maladie pour rester chez lui, samedi, jour de l'appel nominal, qui doit décider du sort du roi.» « Alors, monseigneur, dis-je, je suis sûre que vous n’irez pas à la Convention samedi ; je vous en prie, n’y allez pas. » Il répondit qu'il n’irait certainement pas, qu'il n'en avait jamais eu le projet, et il me donna sa parole d'honneur qu'il ne s'y rendrait pas ce jour-là, ajoutant que, quoique, selon lui, le roi eût été coupable en manquant de parole à la nation, rien ne pourrait le contraindre, lui, son parent, à voter contre Louis XVI. Ce fut là pour moi une triste consolation, mais je ne pouvais faire davantage, et les deux ducs me quitièrent.

Je ne vis personne le vendredi. Chacun paraissait inquiet de l'issue de cet abominable procès, quoiqu'il y en eüt peu qui s’attendissent à la manière dont il devait finir. Comment, en effet, pouvoir imaginer

qu'un pareil crime menaçât la France?