Mémoires sur la Révolution française
178 MÉMOIRES DE MADAME ELLIOTT
un peu de paille mouillée et le peu d’objets qu’il me “fut permis d’emporter,entre deux gendarmes ; quatre
autres nous escortaient. C’est dans cet équipage que
nous traversämes les bois pour aller au comité de
Versailles, qui m'envoya aux Récollets.
En arrivant à la prison, le geôlier nous dit qu'il n’avait pas de place préparée pour moi et que je devais passer la nuit au corps de garde, où il y avait un lit dans lequel je pourrais me coucher. J'étais mouillée jusqu'aux os, malade d’avoir pleuré toute la journée et si fatiguée que je pouvais à peine soutenir ma tête. La femme du geôlier m’apporta du vin chaud, du bœuf froid et de la salade. Je mangeai et bus un peu, en me séchant devant le feu. Les gardes, qui étaient dans la pièce, se montrèrent prévenants et polis pour moi; ils me dirent qu'ils n€ fumeraient pas dans le corps de garde; qu'ils sortiraient et resteraient assis dehors sur l'escalier toute
la nuit; que je pourrais ainsi me coucher et dormir