Mémoires sur la Révolution française

206 MÉMOIRES DE MADAME ELLIOTT

persuader Beauharnais de ménager les sentiments de sa femme, qui jusque-là avait voué une amitié sincère à madame de Custines. Je suis loin de su pposer que les choses aient dépassé la limite des convenances, mais certainement Beauharnais était plus amoureux que je ne le saurais dire, et la petite femme paraissait répondre assez volontiers à toutes ses attentions.

Mais, hélas! cela ne dura pas longtemps. La Convention crut ou feignit de croire qu’il y avait une conspiration dans notre prison. Nous fûmes tous dénoncés par Barrère et on nous accusa d’avoir formé le projet de mettre le feu à la prison. Bref, l’accusaiion était à la fois si cruelle et si injuste, que quand le Comité de salut public envoya prendre parmi nous cinquante prisonniers pour être jugés au sujet de la conspiration, le geôlier, qui était un affreux Jacobin, se mit à rire au nez des soldats, en disant: « — Une conspiration? mais les prisonniers, ici, sont tous

paisibles comme des agneaux. » On mena pourtant