Mémoires sur la Révolution française

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le pressa instamment de revenir, pour prouver qu'il n'avait pas peur de Lafayelte. J'étais à Paris lorsque le duc y arriva dans la nuit du 43 juillet 1790. Le surlendemain était le jour de la fameuse fédération, où le roi et la reine vinrent au Champ de Mars et où M. de Talleyrand, évêque d’Autun, dit la messe devant Leurs Majestés. Le duc d'Orléans marchait avec Ia procession, et on fut très-surpris de le voir après les bruits qui avaient couru.

Je 18 reçus ce jour-là : il dina chez moi avec le duc de Biron et d’autres. Il m'avait apporté des lettres d'Angleterre, où il avait vu ma fille. Le duc témoigna beaucoup de regrets d’avoir quitié l'Angleterre. Plût à Dieu qu’il y füt resté! Il fut pourtant assez bien reçu à Paris; mais les factieux craignaient toujours qu’il ne fût mieux traité par la cour que dans le passé et

\ qu'il ne leur glissât ainsi entre les doigts. Aussifurent‘ils enchantés de le voir gravementinsullé un jour à la

| cour, car ils comprirent qu’ils n'avaient rien à craindre