Mémoires sur la Révolution française

MA FUITE À MEUDON 67 était à Paris, etque, ma maison de Meudon étant trèspetite, je ne pouvais y garder que fort peu de gens.

Après avoir escaladé le mur sans accidents, je traversai la plaine de Vaugirard dans l’obscurité, tremblant à tout moment de rencontrer des patrouilles ou des assassins, jusqu'à ce que je fusse arrivée au bas de la pente escarpée qui mène au château de Meudon; ma maison était située au sommet de la hauteur. Je ne regardais jamais derrière moi et mon cœur battait très-fort : je m’imaginais à chaque instant que j'étais poursuivie. A peu près au milieu de la montée, je vis un homme qui venait au-devant de moi, et j'eus tellement peur que je me laissai tomber dans les vignes qui bordent le chemin en perdant tout à fait l'usage de mes sens. Lorsque je revins à moi, je ne vis ni n’entendis personne : peut-être élait-ce quelque malheureux fugitif qui était aussi effrayé que moi. J'étais alors assez près de ma maison, et ce ne fut pas sans

peine que j'y parvins, mais si fatiguée et si abattue