Mémoires sur la Révolution française

78 MÉMOIRE DE MADAME ELLIOTT

famille royale fut décidé, on les enferma au Temple, et des visites domiciliaires furent exécutées dans tous les quartiers de Parist. Madame Meyler ne sachant que

faire de son infortuné prisonnier qui souffrait horri-

4 Que l’on se figure une capitale immense dont les rues étaient animées, peu de jours auparavant, par un concours perpétuel de voitures de toute espèce, de cris de toute sorte et de citoyens allant et venant sans discontinuer: que l’on se figure, dis-je, des rues aussi populeuses et aussi vivantes, frappées tout à coup du vide et du silence de la mort, avant le coucher du soleil, dans une des belles soirées d'été, n’offrant plus ni promeneurs ni voitures dans leurs espaces solitaires, et ne présentant au contraire dans toute leur étendue que l’aspect du néant! Toutes les boutiques sont fermées ; chacun, retiré dans son intérieur, tremble pour sa vie et sa propriété; tous sont dans l’attente des événements d’une nuit où chaque individu ne peut pas mème espérer de ressources de son désespoir...

Il n’est question, dans les visites domiciliaires, que de chercher des armes, dit-on, et pourtant les barrières sont fermées et gardées avec la plus scrupuleuse vigilance ; et pourtant, sur la rivière sont, de distance en distance, des bateaux remplis d'hommes armés. Chacun se croit dénoncé, chacun croit trouver dans [a patrouille de visite un domestique, un familier qui révélera jusqu'aux amis chez lesquels il soupçonne qu’on est allé chercher un refuge. Partout on entend les sons interrompus du marteau voilé, qui frappe à coups lents et sourds pour achever