Mémoires sur la Révolution française

82 MÉMOIRES DE MADAME ELLIOTT

j'eus un vif regret d'être venue à Paris; mais en arrivant chez mon amie, quelle fut ma surprise en voyant que celui auquel elle s'était intéressée n’était autre que le malheureux Champcenetz! Je l'avais souvent rencontré avant la Révolution, chez le duc d'Orléans, mais je n'étais pas particulièrement liée avec lui. 11 était si faible alors qu’à peine il pouvait se soutenir, et je fus extrêmement impressionnée de sa position. Je pensai qu'en le faisant sortir de Paris cette nuit même, ce qui n'était pas difficile, à ce que je supposais, il aurait beaucoup de chances pour échapper aux Jacobins. Il était sept heures quand j'arrivai chez mon amie, et il y avait encore trop de jour pour nous aventurer par les rues dans un cabriolet avec ce malheureux: force était donc d’attendre qu'il fit tout à fait nuit. Nous allâmes alors directement à la barrière de Vaugirard, qui était notre chemin pour sortir de Paris. Je ne doulais pas qu’en montrant mon passe-

port on ne me laissât sortir immédiatement : je fus