Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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dit : « La fête théophilanthropique au Temple de la Victoire (Saint-Sulpice), en l'honneur de Socrate, ne m'empêche pas d'appeler notre secte, la secte socratique. »

Delalande voit de l’athéisme partout; il en voit même dans ce mot qu’il rapporte à l’article Voltaire : Voltaire disait à un poète, qui lui demandait son opinion sur Dieu : « Croyez en Dieu, il n’y a rien de plus poétique. »

Un premier supplément au Dictionnaire ne lui suflisait pas; il en fit un second, dans la préface duquel 1 s’appliqua également à se disculper et à faire valoir son opinion. La base en est, selon lui, les sciences physiques : « Le premier chapitre de l'instruction, à son sens, est un cours de physique; sans cela on ne sait rien, on a tous les préjugés de l'ignorance. . ...... on croit aux miracles, aux sorciers, aux revenants ; on à peur du tonnerre, des araignées, des souris, et à plus forteraison, on croit en Dieu. » Cependant peut-on lui dire, et c'est lui qui exprime en ces termes l’objection : Euler, aussi étonnant que Newton, était aussi dévot.—« J'en conviens , répond-il ; il était fort religieux; j'ai logé chez lui en 1752, j'en ai été témoin. Son autorité, ainsi que celle de Newton, est d'un poids effrayant contre nous. Mais j'ai déjà remarqué que ces “grands hommes s'étaient fait une loi de ne pas examiner Ja religion. ...:.. . que d’ailleurs les différentes couches du cérveau peuvent être si différentes, que l'homme qui a le plus de génie pour une chose, peut être un fou et une bête dans un autre genre. » — Oui, mais le genre dans lequel Euler et Newton excellent, est proprement celui qui doit, d'après les paroles mêmes de Delalande, empêcher de croire en Dieu, comme de craindre une souris; ce sont