Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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avant qu'il y ait un défaut......... Voilà donc un être parfait, voilà Dieu nature parfaite et heureuse. » — On respire du moins à cette hauteur, où nous enlève l'aigle de Meaux, on se réjouit dans cette région de la sérénité et de la lumière , après avoir été si longtemps condamné à se traîner dans ces lieux bas sur les traces de tant d'impures et de folles pensées : on aime à retrouver Descartes, prêché par Bossuet, après avoir été jusqu'à satiété catéchisé par Naigeon, Sylvain Maréchal et Delalande; on n'est pas fâché de quitter un peu cette triste chimère, ce néant, cet assemblage de négations et d'imperfections, qui nous est donné pour nous tenir lieu de Dieu, et de s'élever à ce plein et sublime parfait, qui représente un peu mieux celui dont nos esprits, comme nos cœurs, ont un si profond besoin, et qu'ils ne trouvent que dans le vrai et le bien réunis.

L'auteur que je suis ici, passant, à propos de l’article Delalande, de la considération de l'ordre moral à celle de l'ordre physique, cite le docteur Derham, qui a composé une théologie physique et une théologie astronomique, il le cite même très-longuement ; je me bornerai à cet extrait qui a bien aussi son prix: « Quel est Farchitecte , dit Derham, qui pourrait construire des masses aussi vastes , et un nombre aussi innombrable de corps qu'en contiennent les cieux? Quel est le mathématicien assez habile pour ajuster, pour proportionner leurs distances? Quel est l'ouvrier assez versé dans la mécanique pour leur imprimer des mouvements aussi justes et aussi réglés, pour leur donner à chacun leur forme et la configuration des parties, les plus convenables à leur propre utilité et à celle des autres globes? Quel est le naturaliste , le philosophe qui pourrait leur communiquer