Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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sant dans certaines de ses solutions ; ce qui avait déja pu se pressentir avec Hobbes et Gassendi, et ce qui se-déclara de plus en plus avec Locke et ses disciples.

Voilà d'où vient, comme voilà quel est cet ensemble de doctrines qui prédomine au xvm siècle, et dont il s'agit de se demander si , à force de les suivre avec une trop curieuse persistance et une trop dure insistance des maîtres aux disciples, et de disciples en disciples jusqu'aux plus téméraires, on ne finit par en faire rejaillir quelque injuste flétrissure sur le siècle qui les a acceptées et favorisées.

Or, à cette demande je répondrai d'abord que, dans toute la suite des études, dont cette philosophie a été l’objet pour moi, je n'ai rien supposé, rien imposé, rien outré, mais simplement constaté, analysé, souvent cité, que j'ai discuté et non déclamé, jugé sévèrement peut-être, mais exactement, je le crois, en me montrant toujours plus rigoureux aux idées qu'aux personnes , à l'égard desquelles mon goût, comme mon devoir , était d'être constamment dans la limite du vrai, bienveillant et équitable.

Je répondrai ensuite par une distinction qui n'est pas nouvelle de ma part, qui est partout dans ces mémoires, mais que je reproduirai et marquerai ici d’une manière plus précise; c’est que si cette philosophie estcelle de la plupart des auteurs en crédit au xvm° siècle, elle n’est pas celle de tous, et qu'elle rencontre même d’éclatantes exceptions.

Elle est sans contredit, à quelques nuances et à quelques variations près, celle d'Alembert, qui en est le sage, l’Anaxagoras, si l'on veut, comme l'appelait Frédéric, quand il n’en est pas le Diagoras, comme il le nommait aussi ; celle de Diderot, qui en est comme l'inspiré, l’apôtre fougueux ,