Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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afin d’écarter de sa personne le soupcon d'impiété; ni le physicien systématique, qui ne rejette Dieu que pour avoir la gloire de fabriquer Dieu tout à son aise, sans autre secours que son imagination; » le véritable athée n’est pas tant celui qui dit : « Je ne veux pas d’un Dieu ; que celui qui dit : Je puis être sage, sans un Dieu. » Voici même qui est assez naïvement confessé : « Le véritable athée ne raisonne pas avec les théologiens, qui pourraient l'embarrasser, s'il en venait aux prises avec eux. Pour lui la question de Dieu n’est pas ; elle n’est pas du moins plus importante que celle-ci : « Y ail des animaux dans la lune ? » Etl’auteur intervenant ici desa personne, nous donne, comme il dit, son symbole en une seule ligne que voici : « Je n’ai pas plus besoin de Dieu, que lui de moi. » Et il ajoute: « Que me fait un Dieu? je m’arrête à ce qui frappe mes sens, et ne pousse pas ma curiosité jusqu'à vouloir trouver dans le ciel une machine de plus ; j'en rencontre déjà assez sur la terre [ croire qu’il y a quelque chose au-delà de ce tout, dont je fais partie (c'est ainsi, qu'on se le rappelle, que s'exprime aussi Naigeon), répugne à ma raison. Si pourtant cet objet existe, il m'est parfaitement étranger. » Ainsi chez lui, rien de cette grande curiosité pour le vrai et le bien pris à leur source la plus haute, et dans la sublimité de leur divin principe ; rien de ce zèle pieux, lumière et feu tout ensemble, intelligence et amour à la fois, qui aspire et s'élève du plus profond de l'âme, pour le connaître, l'aimer et le servir, vers cet être infini, lui-même toute sagesse, toute bonté et toute puissance; rien de tel en un mot que la religion ; il s’en tient à la sensation quisuffit et au-delà, à toutes ses pensées et à tous ses désirs, et dans la satisfaction qu'il en éprouve, 1 s'écrie : « Docteurs,