Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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Ilest aussi un nom de l'Institut national, Bonaparte, qu'il voudrait bien donner à l’athéisme, et qu'à l'aide de Delalande , qui lui à communiqué cette note : Les Anglais disent qu'il est le général des athées , il essaie de lui rallier, en faisant remarquer que les Anglais pouvaient être autorisés à parler ainsi, d’après son expression familière : Le Dieu de la fortune m'accompagne , et que César s’exprimait de même et n'était rien moins que religieux. Il est vrai que vers le même temps Bonaparte, général victorieux , écrivait, après Marengo, une lettre dans laquelle se lisaient ces mots : « Quoi qu’en puissent dire les athées de Paris, je vais aujourd’hui assister avec grand plaisir au Te Deum, qui va être chanté dans la cathédrale de Milan; » ce qui ne laissait pas de contrarier quelque peu et la note de Delalande, et l'interprétation de Maréchal. Il est vrai encore, qu'un peu plus tard, me permettra-t-on d'ajouter avec l’auteur de l'histoire du Consulat et de l'Empire, qui remarque si justement quela constitution morale du général Bonaparte le portait aux idées religieuses, qu'une intelligence supérieure est saisie, à proportion même de sa supériorité , des beautés de la création ; que c'est l'intelligence qui découvre l'intelligence dans l'univers et qu'un grand esprit est plus capable qu’un petit de voir Dieu à travers ses œuvres; ilest vrai, je le répète, que le général Bonaparte qui conversait volontiers sur les questions philosophiques et religieuses avec Monge, Lagrange et Laplace, savants qu'il honorait et qu’il aimait, les embarrassait souvent dans leur -incrédulité par la vigueur originale de ses arguments, comme quand il disait un jour à Monge, celui de ces savants qu'il aimait le plus , et qu’il avait sans cesse auprès de lui: « Ma religion à moi est bien simple; je re-