Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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est trop évidemment insensé de placer sous leur patronage, et passons à ceux qui lui appartiennent par des rapports un peu plus réels et un peu plus légitimes.

Ainsi, certainement on ne disputera pas à Sylvain Maréchal celui de Dupont des Jumeaux , le mathématicien, membre de la convention nationale, qui, le 14 décembre 1792, prononce à la tribune un discours dans lequel il dit, entre autres choses : « La nation et la raison, voilà les Dieux de l'homme, voilà mes Dieux... Il est plaisant de voir préconiser une religion dans laquelle on enseigne qu'il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, et j'admire la bonté qu'ont les hommes d'ajouter quelque croyance aux récompenses et aux peines éternelles ; » et souriant de Danton, qui pense que le peuple a besoin d’un prêtre pour rendre le dernier soupir, il avoue de bonne foi à la convention qu'il est athée.

On ne contestera pas davantage à l’auteur le nom de Freville l’économiste, ce professeur d’athéisme dans les cercles et les cafés, et qui, dans son Examen impartial des religions, a tout une théorie pour montrer que Dieu est une opération de notre esprit; ni celui de Linières l’athée, ou le fou de Senlis , comme on l’appelait, et dont Despréaux disait qu'il n'avait d'esprit que contre Dieu; ni celui de Mongez, de l'institut, qui déclarait hautement avoir l'honneur d’être athée.

Encore moins voudra-t-on effacer de cette liste le baron d'Holbach et Naïigeon , qui y sont même du droit d’une célébrité plus étendue que ceux que nous venons de citer, Delalande, qui y réclame sa place par une lettre empressée où se lisent ces termes : « Je ne veux pas qu’on puisse dire de

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