Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

MARAT INCONNU 101

quis, avec tant d’aisance, les suffrages d’une élite, s’il n’avait eu l'autorité du talent, et l’ascendant de ses prestigieuses qualités ?

Ses livres avaient révélé une profondeur de vues, une nouveauté de conceptions, une hardiesse de déductions, auxquelles on n'était pas habitué. A l’époque, ils eurent plus qu’un succès d'estime, et quoiqu'on ait écrit, ils furent, dès leur apparition, très remarqués.

Analysés dans les principales revues de l’Europe, traduits en plusieurs langues étrangères, ils étaient discutés ou commentés par les hommes les plus compétents. En France seulement on les méconnaissait. Le clan académique harcelait Marat de mesquines persécutions, qui devaient fatalement en arriver à l'aigrir, à le transformer en adversaire intraitable. D'instinct il sentait qu'il avait un rôle à jouer. Ses échecs Scientifiques furent comme le prélude de ses violences politiques. On a rapporté, à ce propos, une anecdote typique : le jour même où l’Académie publiait un rapport défavorable sur les Découvertes de la Lumière de Marat, celui-ci dinait chez sa belle cliente, la marquise de Laubespine. Depuis le commencement du repas le médecin gardait un silence obstiné, qu'il n’interrompait que par des mots peu aimables dresse de ses juges du jour. Comme on s’attendrir, et qu'on l’engageait à