Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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faux toupets, des têtes à perruques, des canules de seringue, et sur mille autres objets de pareille importance. » Elle est divisée en plusieurs classes, et chacun d'elles a sa spécialité. Aussi il y aplaisir « à voir les géomètres baïller, tousser, cracher, ricaner, lorsqu'on y lit un mémoire de chymie ; et les chimistes ricaner, cracher, tousser, bailler, lorsqu'on y lit un mémoire de géométrie. »

Les confrères s’y prodiguent charitablement mille épithètes gracieuses : « Condorcet y est traité de faquin littéraire, Rochon de paysan parvenu, Lalande de chat des gouttières, Lavoisier de père éternel des petites maisons, Cadet de torche-cul des douairières... Ce même Cadet n’a-t-il pas commencé sa fortune en recrépissant le rein des catins de la cour, de même qu'il l’achève en rapetissant leurs appâts secrets. >» Et comme pour perpétuer toutes ces vilenies, l'Académie fait comme le phénix : elle renaît de ses cendres. Quand l’un des membres disparaît, c’est un de ses élèves qui le remplace ; ou si, par hasard, on ouvre la porte à un néophyte, il faut qu'il ait montré patte blanche.

Pourquoi Marat ne s'en est-il pas tenu à ces critiques, violentes dans la forme, mais assez raisonnables dans le fond? Comment en est-il venu à perdre toute mesure et aussi toute justice, quand il dénigre de grands esprits, dont la