Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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prie de publier les preuves de mon déshonneur (1) ». Serait-ce là le langage d’un homme corrompu ? Aussi bien, n'est-ce pas le point vulnérable, la partie découverte qu'ont visée les détracteurs du Tribun. Non, il n'avait qu'une passion, celle de dominer dans la carrière qu'il parcourait. L'ambition de la gloire le hantaïit ; il n'avait pas celle de l'argent (2). Avons-nous pour étayer cette afirmation une preuve plus solide que cette admirable page où, dans un débordement de franchise qui l’honore, il s'accuse sans fausse honte de ce travers.

« Né avec une âme sensible, une imagination de feu, un caractère bouillant, franc, tenace, un esprit, un cœur

(1) Dénonciation contre M. Necker, p. 63.

(2) Brissot, loc. cit. p. 358 — Sa probité a été toutefois mise en question dans une circonstance. On a accusé Marat d’avoir volé, lors de son séjour en Angleterre (vers 1776) des pièces de monnaie à l'Atimolean Museum, et de s'être réfugié en Irlande pour échapper aux poursuites. Reconnu à Dublin, il aurait été ramené à Oxford, et condamné à la séance d'assises des5 et7 mars 1777. (V, Interm.des Chereh. 1890,p. 646). C'est une de ces calomnies, dont nous avons aisément fait bonne justice. Marat avait répondu, de son vivant, à ces imputations, quand il écrivait : « J'ai véeu deux années à Bordeaux, dix à Londres, une à Dublin. Qu'on compulse les registres de police de ces divers pays, je défie qu'on y trouve mon nom pour un seul fait illicite! Qu'on aille aux informations, je défie que personne sous le ciel puisse me reprocher une action déshonnête (Le Publiciste, n° 147). On peut attaquer Marat sous bien des rapports ; on n’a pas, jusqu'à plus ample informé, le droit de mettre en doute son honnêteté.