Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

MARAT INCONNU 299

Avec une grande considération, j'ai l'honneur d'être, Monsieur, votre très obéissant et très humble serviteur. B. FRANKLIN. Passy, le 25 février 1782.

Ne XV Lettre de M. Marat à M. le Comte de Maillebois.

Du 19 juillet 1779. Monsieur le Comte,

Dès que vous eûtes connaissance de mes Découvertes sur le feu,, vous désirâtes les communiquer à l'Académie, j'ose me flatter que vous voudrez bien aujourd'hui lui en faire agréer l'hommage. C’est une petite offrande que je place par vos mains sur l'autel des sciences.

Je ne vous ai point dit encore que mon mémoire à une suite, et que cette suite offre des objets qui ne sont pas moins propres à piquer la curiosité des physiciens. Je ne veux pas anticiper sur le jugement public, mais je ne crois pas me compromettre en assurant qu'à l’aide d’un petit appareil d'instruments fort simples, je réussis au mieux à décomposer la lumière sans le secours du prisme et d'aucun milieu diaphane et à surface oblique.

Ma méthode n’a point les inconvénients des réfractions prismatiques, elle ne laisse aucun doute sur le nombre des rayons différemment colorés; ainsi elle sert à perfectionner la doctrine de Newton sur les couleurs, pour ne pas dire à en élablir une nouvelle.

Ce n’est pas sans regret qu'en étudiant la nature, on se voit forcé d'abandonner les idées de ce grand homme ; mais si j'infirme sa doctrine des couleurs, en revanche je rends indubitable sa doctrine sur la cause des réfractions, et cette cause je la démontre à l'œil mème. J'ai examiné avec soin ses différents effets ; ils sont visibles dans tous les corps. De ces observations, qui jettent le plus grand jour sur les phénomènes de la dioptrique, je tire des conséquences dont je profiterai un jour pour