Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

MARAT INCONNU 67 la tirer de sa situation désespérée. Marat promit, avec une belle assurance, une guérison prompte ; et, ce qui vaut mieux, il tint parole. La cure eut d'autant plus de retentissement que Marat s'entendait à merveille, en bon journaliste qu’il était, à soigner sa renommée. Il se fit, dans la circonstance, interroger — l'interview n'était pas encore inventée — par son fidèle disciple et préparateur, l'abbé Filassier, dans un des journaux médicaux les plus connus.

La Gazette de santé insérait, sous la signature de l'abbé, une sorte d’invite à Marat pour faire connaître sa précieuse découverte :

« On met aujourd'hui la pulmonie avancée (c'est-àdire la phtisie) au nombre des maladies incurables, sans doute d’après les vains efforts qu'on a faits jusqu'ici pour la guérir.

Un fait tout récent, et qui mérile d'étré connu de tout Paris, m'a détrompé, et j'ai cru qu'il serait propre à détruire le préjugé où l’on est généralement à cet égard... »

M. l'abbé était un habile réclamier.

Mais écoutons dans quelle triste situation Marat avait trouvé la marquise :

« Madame la Marquise de Laubespine fut attaquée, il y a cinq ans, d'une petite toux sèche, à la suite de quelques médicaments pris après ses couches. À cette toux se joignirent bientôt fièvre, insomnie et maigreur. Le mal empirait de jour en jour. On appela un médecin qui prescrivit des boissons adoucissantes et fit appliquer le