Marie-Antoinette et l'intrigue du collier

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qu’à ce qu'il ait obéi et satisfait à l’arrêt.

Ces conclusions avaient été concertées avec le premier président et les conseillers rapporteurs, et suivant l'abbé Georgel, dans un conciliabule tenu aux Tuileries en présence de la reine. On espérait que, tout en flétrissant le cardinal, elles étaient assez modérées pour entraîner la majorité des juges. Mais certains magistrats les qualifièrent de sauvages. Le conseiller Barillon, sans doute bien informé, s’écria que ces conclusions n'étaient point celles d’un procureur général, mais bien celles d’un ministre qu'il n'était pas difficile de reconnaître, L'avocat général Séguier apostropha personnellement Joly de Fleury et lui reprocha de se déshonorer au bord de la tombe. L'autre risposta sur le même ton, et les deux premiers magistrats du parquet donnèrent à la cour et au public la comédie d’une scène scandaleuse rappelant celle des deux procureurs du Mercure galant. (Besenval. )

Enfin le parlement rendit son arrêt. Le parti Rohan triomphait de la reine et de la cour : le cardinal fut acquitté à la majorité de quelques voix ; Mme de La Motte, condamnée à être fouettée, marquée, et enfermée à la Salpétrière pour le reste de ses