Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

FERSEN ET BARNAVE 305

milieu des cris de joie et des huées d’une foule ameutée; Pétion, en sa qualité de maire, est accouru pour calmer le désordre, mais lorsque les Feuillants réclament son intervention, il répond cyniquement : « La loi est pour vous, mais le peuple est contre vous; c’est la voix du peuple que je dois écouter. »

C’est La Fayette maintenant qui approche la Reine et la conseille, c'est sur lui qu’elle compte pour assurer la sécurité des Tuileries, la sauvegarde lu Roi et de ses enfants. Mais La Fayette lui-mème n’est plus sûr de son autorité; il propose à la Reine de quitter Paris, de fuir avec lui à Compiègne. MarieAntoinette écrit à Fersen : « J'ai refusé de céder à la proposition de La Fayette et de Luckner d’aller à -Compiègne pour ne pas tomber entre leurs mains et donner aux puissances, quoique peu voulantes, un prétexte pour négocier. »

Les ministres sont attaqués et vilipendés à l’Assemblée. On les accuse de tolérer aux Tuileries un « Comité autrichien » qui se réunit dans les appartements de la Reine et conspire contre la France. Lessart et Montmorin font partie de ce comité. Nous savons par la correspondance de la Reine de qui était composé ce conseil secret et en quelle façon il conspirait contre la France. Barnave et ses amis n'étaient pas toujours d'accord avec Montmorin; ils avaient poussé Lessart au ministère, mais pas plus avec l’un qu'avec l’autre ils n’avaient fait de la politique anti-