Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance
FERSEN ET BARNAVE 307
Mais la mort du roi de Suède l’accable. Il écrit à Marie-Antoinette :
« Vous savez déjà la triste et accablante nouvelle de la mort du Roi. Vous perdez en lui un ferme appui, un bon allié, et moi un protecteur et un ami. Cette perte est cruelle. »
À sa sœur, la comtesse Piper, il fait la confidence de ses perpétuelles inquiétudes :
« Paris va toujours de même, et les craintes pour la vie du Roi et de la Reine me préoccupent sans cesse. Les factieux ne cachent plus leurs projets à cet égard et à tout moment le château est menacé. Leurs Majestés ne peuvent plus sortir ni même dormir en même temps. Elles se reposent alternativement, de facon qu'il y ait toujours un des deux qui veille, dans l’attente de voir leurs appartements forcés par ces cannibales. Cela me fait horreur et leur position est déchirante pour ceux qui en connaissent, comme moi, tous les détails. »
Sa crainte est maintenant qu'on ne le rappelle en Suède. À la suite de la mort de Gustave IIT, son frère le duc de Sudermanie est déclaré régent durant la minorité du futur roi Gustave IV. Son attitude d’opposition à la politique de Gustave II fera qu’il voudra peut-être mettre fin à toute participation, même apparente, de la Suède dans le mouvement anti-révolutionnaire qui se prépare contre la France, et insistera pour que Fersen, qui sous le défunt roi occupait