Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance
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semblement de ces moyens qui cause linactivité actuelle... »
Puis, brusquement, s’efface cette lueur d'espérance devant la réalité terrible.
a
e 24 août (1793).
« Vous savez, sans doute, ma chère Sophie, en ce moment, le malheur affreux de la translation de la Reine dans les prisons de la Conciergerie et le décret de cette exécrable Convention qui la livre au tribunal révolutionnaire pour être jugée. Depuis cet instant je ne vis plus, car ce n’est pas vivre de souffrir comme je souffre. Si je pouvais encore agir, faire quelque chose pour sa délivrance, il me semble que je souffrirais moins. Ne pouvoir rien faire, voilà qui est affreux, Taube vous dira le seul espoir qui nous reste et ce que j'ai demandé. Une marche prompte sur Paris est tout ce qui reste à faire. Mais je demeure dans l’incertitude si ce projet sera adopté et suivi. Oh, l'horreur de devoir attendre, sans rien faire. Je donnerais ma vie pour la sauver et je ne le puis. Mon plus grand bonheur serait de mourir pour elle, et ce bonheur m'est refusé. Ah! si des lâches scélérats ne nous avaient privés du meilleur des rois !! Combien en ce moment je sens toute l’étendue de notre perte. Lui seul aurait été capable de la sauver. Sa grande âme se serait exaltée au récit de ses malheurs et il
4. Gustave II.