Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

FERSEN ET BARNAVE 323

qui a manqué être fatale à la malheureuse prisonnière ! 15 septembre. « Ma chère amie,

« Nos inquiétudes sur la Reine sont toujours les mêmes. Elles ont été augmentées il y a trois jours. On avait accusé un homme nommé Michonis de lui avoir écrit pour offrir de la sauver. Cela m'a glacé d’effroi et j'ai senti encore plus vivement mes craintes et mes douleurs. Cependant cela n’a pas eu de suites et je suis un peu plus tranquille, sans cependant espérer davantage; car je ne vois dans cette accusation qu’un prétexte pour commencer son procès. Je suis sûr qu'ils n’ont aucune preuve, mais à quoi cela sert-il avec des scélérats qui en font quand ils n’en ont point! Je ne vis que dans les inquiétudes et les transes. Elles se renouvellent tous les jours. »

En effet, les événements se précipitent ; le grand drame tire à sa fin. Le 14 octobre la Reine est traînée devant le tribunal révolutionnaire ; le 46 elle est condamnée à la guillotine; le lendemain elle monte dans la fatale charrette qui la conduit à l’échafaud où elle subit sa peine.

Coup sur coup ces nouvelles parviennent à Fersen. Il écrit à sa sœur la mort dans l'âme, presque en divaguant :