Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance
MARIE-ANTOINETTE FERSEN ET BARNAVE 929
on pouvait tout confier, sur le dévouement duquel on pouvait compter à toute heure.
Elle n'avait qu'une crainte : qu'il ne sacrifiât sa vie pour la sauver. Il n'avait qu'un regret : de n'être pas mort pour elle le 20 juin ou le 10 août.
Ce que fut leur vie lorsqu'ils purent être ensemble, dans les temps paisibles et heureux à Versailles, comme, plus tard, au milieu des orages de la Révolution; ce que furent les efforts de Fersen pour la soustraire à cette tempête, pour l’arracher aux outrages, à la prison et à la mort; ce que furent ses angoisses et son désespoir au courant du drame tragique, ses lettres à sa sœur nous le disent aussi. Cette sœur, la tendre et aimante comtesse Piper, fut sa seule confidente, la seule à laquelle il ouvrit son cœur et confia le secret de son amour. Les termes de sa confession nous attestent la profondeur comme la pureté de ce sentiment.
La correspondance de la Reine avec les chefs du parti constitutionnel de l’Assemblée nous révèle, d'autre part, une Marie-Antoinette qui n'est pas moins différente de la conception que nous nous faisons en général de la reine de France. L'image qui se présente d'ordinaire à notre esprit, lorsque nous évoquons son souvenir, est celle de la jeune Reine légère autant que bonne, insouciante autant que belle, aussi avide de plaisirs que d'occasions de se dévouer à ses amis; ou bien la femme sublime, au