Napoléon Bonaparte, drame en six actes et en vingt-trois tableaux

NABOLÉON! 97

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sieur le ministre; j'ai des instructions à |

vous donner. (Déployant une carte.) Trois grandes arméés se présentent pour entrer en France. Celle de Schwartzemberg pénètre par la Suisse; l’empereurAlexandre, le roi de Prusse et l’empereur d’Autriche la suivent en personne : elle offre un total de deux cent mille hommes. La seconde est commandée par le maréchal Blücher ; elle a forcé le passage de Manhein et se jette dansla Lorraine : elle est forte de cent cinquante mille hommes: La troisième, sous les ordres du prince de Suède, renforcée des Russes de Voronzoff et des Prussiens de Bulow, après avoir traversé le Hanovre et détruit le royaume de Westphalie, s’est renforcée des Anglais de Graham et a pris la Hollande et la Beloique. — Elle est forte de deux cent mille hommes. — Ces forces rassemblées sont donc de cinq cent cinquante mille hommes, qui, en réunissant leurs réserves, peuvent être portées à huit cent mille. — Quelles sont les forces que vous pouvez mettre à ma disposition ?

LE MINISTRE. Quatre vingt mille hommes à peu près,

NAPOLÉON. En tout?

LE MINISTRE. En tout. \#:

NAPOLÉON. Ce n’est pas beaucoup. Mais je les battrai séparément. Je tâcherai de ne les avoir que trois contre un. Je les joindrai dans les plaines dela Ghampagne, — à Châlons ou à Brienne. Faites partir le maréchal Victor, et qu'il annonce mon arrivée aux troupes. — Je pars cette nuit. — Adieu, monsieur le ministre. Prévenez l’impératrice et son fils que je vais passer chez elle, après avoir reçu les chefs de la garde nationale.

L’HUISSIER. Sire, un homme est entré avec le mot d'ordre. — IL dit qu'il faut qu'il vous parle à l’instant même.

NAPOLÉON. Faitesentrer. (Reconnaïssant re Ab ! c’est toi! Eh bien ! qu'y at11? î

L'EsPrON. Sire, — les ennemis les plus dangereux de Votre Majesténe sont pas à la frontière. ‘

NAPOLÉON. Parle vite.

L’ESPION. Une régence royaliste vient d’être organisée à Paris.

NAPOLÉON. Dans quel but?

L’ESPION. De ramenér les Bourbons.

NAPOLÉON. Comment le sais-tu ?

L’ESPION. J’en suis membre.

NAPOLÉON. Quels sont les chefs ?

L’ESPION. Voici la liste.

NAPOLÉON. Où se réunit-on ?

L’ESPION, Au château d’Ussé, en Touraine. NAPpOLÉON. Les Bourbons! les Bourbons! ils verront, si jamais les Bourbons règnent sur eux !.:.— Ainsi, ennemi à l'étranger, ennemi au dedans !—du sang sur le champ de bataille, du sang sur la place de Grève : — c’est trop à la fois. — Une victoire peut seule nous sauver ; il faut vaincre encore, toujours! ( Ecrivant. ) Tiens, porte cet ordre à Fouché ; qu'il veille sur eux ,—maissans les arrêter. je ne le veux pas.—Sors par ici. Voilà les chefs de la garde nationale, (Entrent les chefs de la garde rationale.) Messieurs, — je pars avec confiance. — Je vais combattre l’ennemi. — Je vous laisse ce que j'ai de plus cher: l’impératrice et mon fils. — Jurez-vous de les défendre?

Les Cuers. Nous le jurons!

NAPOLÉON. Deslettres-patentes confèrent la résence à l’impératrice ; je Lui ai adjoint le prince Joseph, comme lieutenant-général de l'empire. — Vous reconnaîtrez leur pouvoir et leur obéirez ?...

LES Cuers. Nous le jurons!...

NAPOLÉON. Monsieur le prince de Neufchâtel, tout est-il prêt pour mon départ?

BERTHIER. Sa majesté montera en voiture quand. elle voudra.

NAPOLÉON. Allons embrasser ma fenime et mon fils — pour la dernière fois peutêtre! 1

(11 sort.—Changément.)

SOLDE LEEDS DIE DODODODDDODE LEE TOO L0E CDD LODEDOOOBPODOEPODEODO DO 0000000 T0OS

Onzième Œableau.

MONTEREAU.

Une hauteur sur laquelle se trouve une batterie de.canons qui tirent.

SCENE II. NAPOLEON.

(IL est assis sur l’affüt d'un canon.— Il fouette sa botte ayec une cravache etse parle à lui-même,)

Allons, allons, Bonaparte ; + sauve

Napoléon? (Se levant ef courant aux artil= leurs. ) Dans les rues, mes amis, dans les rues ; — les Wurtembergeois s’y encombrent. Trop haut donc, — vous pointez trop haut! (17 pointe lui-même. ) Feu

(On entend le canon ennemi qui répond et le sife