Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales
25 MAI 1810. 279
crois avoir à me plaindre d’eux, je leur fasse des amitiés. Si j'ai fait moins de politesses au sieur Serurier qu'aux autres, c’est que, l’ambassadeur n’y étant pas, je me suis occupé davantage des ministres. Des gens qui, dans la situation où je suis, se plaignent de ces bagatelles, sont ou bien susceptibles ou bien mal intentionnés.
Le peu d’hésitation que j’ai mis à me placer dans la pénible situation où je suis, doit au moins prouver à V. M. IL. que je ne puis faire autrement ; car elle est bien persuadée sans doute que j’en souffre assez.
Je respecte les décisions de V. M. I. ; mais elle ne peut me défendre de l’assurer que c’est avec le plus vif regret que je la vois dans cette disposition à mon égard, et que ma seule consolation, dans ce malheur affreux, est de ne pas le mériter.
J'ose prendre la liberté d'adresser à V. M.T. la copie d’une instraction donnée aux douaniers, par laquelle la vie et la liberté des habitants de ce pays sont compromis (1).Je me dispense de toute observation contre cette nouvelle loi des suspects, qui ne peut qu'être con-
(1) Voici cette instruction : L'intention de l’empereur étant d'empêcher par tous les moyens possibles l'introduction en Hollande des marchandises anglaises et diverses denrées coloniales, MM. les généraux et commandants d'arrondissement établiront sur tous les points de la côte la surveillance la plus active.
On pourra savoir quels sont les habitants qui sont réputés pour faire la contrebande,
Tout habitant qui sera convaincu d’avoir introduit des marchandises anglaises et prohibées ou d’avoir communiqué directement ou indirectement avec les Anglais sera sur-le-champ arrêté et jugé par la commission qui sera établie à cet effet.
Tous les douaniers placés dans un arrondissement ‘seront à la disposition de l'officier général où supérieur qui commandera l'arrondissement; il les placera de la manière qu’il jugera la plus convenable d’après la connaissance qu'il aura acquise sur les localités et l’esprit des habitants,
Enfin l'officier général ou supérieur commandant un arrondissement se concertera avec le commandant des troupes hollandaises qui seront stationnées dans cet arrondissement, afin de faire occuper en deuxième ligne les points les plus importants et que l'on soupçonnera de servir d’entrepôt pour la contrebande,
Les marchandises saisies seront mises en dépôt. Il en sera dressé procès-verbal, et la répartition en sera faite conformément aux règlements des douanes.
Souvent des bâtiments peuvent arriver sans être visités jusqu'à Rotterdam, Leyde, Dordrecht et autres ports éloignés de la côte, Les douaniers placés dans ces endroits assisteront au déchargement de ces navires et vérifieront si des denrées coloniales, des marchandises anglaises ou proyenant de commerce anglais ne sont pas à bord.
Lorsqu'un bâtiment arrivera à la côte ou à l'embouchure de quelques rivicres et qu'il sera destiné pour un port de l'intérieur, il sera utile de mettre à bord des préposés des douanes et une garde pour accompagner le bâtiment jusqu’à sa destination, L'on empêchera que l’on ne débarque en route des marchandises que l'on voudrait soustraire à la visite.
Au quartier général, à Utrecht, le 13 mai 1810. (Signé) Le maréchal duc de Reggio.